Merci à CNN d’avoir relayé l’information et la solution iCivil pour enregistrer les enfants fantômes.
Vous pouvez lire l’article en anglais ici ou la traduction ci-dessous
(CNN) - Une nouvelle startup vient de se fixer un objectif énorme : enregistrer toutes les nouvelles naissances de façon digitale.
iCivil Africa, une entreprise basée au Burkina Faso, vient de développer un système d’enregistrement des naissances à partir d’un smartphone, un bracelet et des SMS cryptés.
L’entreprise espère que le nouveau système facilitera l’enregistrement et la déclaration des actes de naissance dans l’Afrique sub-saharienne. Une région où plus de la moitié des naissances ne sont pas déclarés.
Au niveau mondial, 230 millions d’enfants de moins de 5 ans ne sont pas déclarés.
Co-fondateur, Adama Sawadogo explique qu’il veut aider les enfants fantômes de l’Afrique qui n’ont pas d’identité, parce qu’ils ne sont pas enregistrés à l’état civil. Ils sont plus vulnérables que les autres. « C’est un problème humanitaire majeur. Ces enfants fantômes sont des proies faciles pour les trafiquants. »
« C’est un problème africain qui n’intéresse personne » il ajoute.
Au Burkina Faso, la preuve de naissance doit être fourni le jour de la naissance de l’enfant. Le fait de pouvoir enregistrer son enfant à distance, pour ceux qui vivent dans des campagnes va aider à enregistrer plus d’enfants, selon l’entreprise.
Comment fonctionne iCivil
Le système crée un acte de naissance digital grâce à l’application Android et à un bracelet avec un code unique appelé Prooftag Bubble Seal. Une technologie brevetée et produite par la société de Francis Bourrières, Prooftag, basée à Toulouse, France.
Une fois que le bracelet est attaché à l’enfant, une sage femme flashe le code avec l’application et rentre les données de l’enfant dans l’interface mobile. Ces données sont envoyées automatiquement via SMS crypté à la plateforme d’iCivil puis aux autorités d’enregistrement civil.
Le bébé est alors enregistré dans le système. Un acte de naissance contenant l’identifiant peut être imprimé et délivré par n’importe quel centre d’état civil du pays sur présentation du bracelet.
La même technologie a déjà été utilisée pour combattre la fraude sur des bouteilles de vin françaises. Celui ci génère un code d’identification unique via un code à bulles.
Entre août 2015 et juillet 2016, 1500 nouveaux-nés ont été enregistrés de cette manière pendant le premier pilote dans 10 centres médicaux de la capitale du Burkina Faso, Ouagadougou.
Les enfants sans identité
Même si ce n’est que le début pour iCivil, leurs efforts attirent l’attention sur un problème plus vaste.
Au Burkina Faso, qui a une population d’environ 17 millions, 3 millions d’enfants n’étaient pas enregistrés au dernier recensement de 2006. La majorité vivant dans les campagnes.
Cette situation expose ces enfants à tous les dangers. Notamment aux trafics, à l’impossibilité à suivre une éducation et à l’impossibilité d’obtenir un passeport.
L’enregistrement des naissances dans les communes rurales est pratiquement inexistante.
Avec l’augmentation des migrations en Afrique, ces problématiques risquent de s’empirer explique Edward Duffus, Directeur de l’enregistrement des actes de naissance à Plan International. « Privés d’identité, ils ont encore plus de chances de devenir apatrides, ce qui est un vrai problème pour les réfugiés. »
D'autres outils sont à l'essai
Alors que l’approche d’iCivil est unique, leur système n’est pas le seul qui existe en Afrique, selon Duffus.
Certains sont gérés par des ONG comme Plan International. Nous avons un programme pilote au Kenya qui utilise une application mobile. Il existe des mises en garde quand on bâtit ces systèmes comme l’adaptation aux pratiques du pays. Dans certaines régions, on en est encore au stade de sensibilisation des parents sur l’importance de l’enregistrement civil. De ce fait, la demande pour ces outils n’y est pas encore très importante. « Enregistrer son enfant n’est pas toujours en haut de la liste des priorités quand ils vivent dans la pauvreté et éloignés du centre d’état civil » explique Duffus.
De grands projets pour le futur
Suite au succès du premier projet pilote, iCivil discute maintenant avec le gouvernement Burkinabè pour le déploiement au niveau national. Un coût estimé à 20 millions de dollars, et qui consisterait à produire 800 000 bracelets par an, explique Sawadogo.
« Le gouvernement discute du projet avec des partenaires financiers tels que l’UNICEF et l’OMS pour obtenir des fonds et investir dans toutes les régions du Burkina Faso »
Ils espèrent que d’autres pays s’y intéresseront.
« Nous voulons déployer ce projet à travers le continent »
Le gouvernement discute du projet avec des partenaires financiers tels que l'UNICEF et l'OMS pour obtenir des fonds et investir dans toutes les régions du Burkina Faso
"Nous voulons déployer ce projet à travers le continent"
"C'est un problème humanitaire majeur. Ces enfants fantômes sont des proies faciles pour les trafiquants."